LA PRÉSIDENCE DE PHILIPPE GUYOT

 

     Proche de Gilles Poissonnier, le troisième président de la Société généalogique de l’Yonne était le membre n° 574 de l’association. Il avait à peu près le même âge que ses deux prédécesseurs et présentait la singularité de n’être pas généalogiste. Ce jeune professeur d’histoire et de géographie, en effet, qui venait d’être engagé à la mairie d’Auxerre comme directeur des Archives municipales, n’avait encore mené aucune recherche sur son ascendance. Il avait rencontré Gilles Poissonnier à Dijon, pendant ses études universitaires, et n’avait rejoint son ancien camarade au sein de l’association, à la fin du mandat d’Alain Noël, qu’en qualité de spécialiste en histoire pouvant apporter son expertise particulière, notamment à l’occasion de la publication en 1989 d’un cahier généalogique de l’Yonne consacré à la Révolution française.

     L’accession de Philippe Guyot à la présidence a coïncidé avec un tournant très important dans la vie du cercle icaunais. En 1994, Alain Noël a fini par s’éloigner de la Société pour se consacrer entièrement à une nouvelle association qu’il venait de fonder, le Groupe d’études micro-historiques, dont le but était de publier des articles sur les écarts et hameaux et sur les familles qui y ont vécu à travers les âges. Cette nouvelle activité associative de l’ancien président n’a pas tardé à sonner le glas du Centre d’études et de recherches généalogiques qu’il avait créé à Joigny quatre ans plus tôt. Dès 1994, Philippe Guyot a dû transférer le fonds documentaire du Centre d’études à Auxerre, pour que le public puisse continuer de le consulter dans la salle de lecture des Archives municipales, ceci aux heures d’ouverture de ce service.

       La défection d’Alain Noël à partir de 1994 posait également la question cruciale de la survie des cahiers généalogiques de l’Yonne, dont les monographies familiales avaient été écrites jusque lors, pour la plupart, par le président fondateur et l’ancien vice-président Etienne Meunier. À défaut de pouvoir recruter d’autres plumes aussi prolifiques, Philippe Guyot a dû se résoudre à redéfinir la politique éditoriale mise en place par ses prédécesseurs : désormais, les cahiers généalogiques ne paraîtraient plus chaque année et ne seraient plus distribués aux membres de l’association dans le cadre de leur adhésion annuelle. Par manque de monographies, un seul cahier a été publié sous la présidence de Philippe Guyot, à savoir le tome X de la série. Par ailleurs, aucune fiche de l’Encyclopédie généalogique de l’Yonne n’a été proposée aux adhérents, faute de pouvoir en produire en quantité et qualité suffisantes.

       Pour pallier ce manque à gagner, Philippe Guyot s’est fixé pour objectif d’éditer les travaux ambitieux que lui proposeraient des adhérents ou des sympathisants. En 1993, alors qu’il était encore responsable des publications et des colloques sous la présidence de Gilles Poissonnier, il avait proposé que le cercle publie sur plusieurs années un gros Dictionnaire biographique de l’Yonne, ceci à partir des nombreuses fiches manuscrites que Paul Camille Dugenne avaient rédigées depuis une vingtaine d’années à Auxerre. Sitôt devenu président, Philippe Guyot s’est assuré les services d’une dactylographe, Brigitte Lalandre, qui a été élue secrétaire générale du cercle dès 1994 et qui, pendant plusieurs années, s’est chargée de la frappe de toutes les fiches en étroite collaboration avec l’auteur. Je me suis occupé, quant à moi, de la relecture critique des pages mises au propre, tout en complétant le travail initial de Paul Camille Dugenne par mes propres notices biographiques et généalogiques.

       Parallèlement à son gros projet éditorial, Philippe Guyot avait pour ambition de renforcer les liens entre la Société généalogique de l’Yonne et l’Union généalogique de Bourgogne. Le 22 octobre 1994, à Auxerre, il a donc pris l’initiative d’organiser le tout premier forum bourguignon de généalogie, à l’issue duquel il a été élu président de l’Union généalogique de Bourgogne.[7] Dès lors, il a tenu à ce que tous les cercles de l’Union, dont celui de l’Yonne, participent ensemble aux divers congrès nationaux de généalogie, sous la même bannière. Il a aussi fait en sorte que tous les ans, au mois d’octobre, chaque cercle bourguignon dont il avait la charge ouvre ses portes au public en diverses localités de son département d’attache, ceci dans le cadre des journées nationales de la généalogie instaurées par la Fédération française.

       L’implication du président du cercle icaunais dans les affaires bourguignonnes a fini par déboucher sur un rapprochement éditorial entre l’Yonne et la Bourgogne. En l’absence des cahiers généalogiques annuels d’autrefois, les adhérents du cercle de l’Yonne ne recevaient plus que quatre bulletins Généa-89 par an, dont la qualité tant matérielle que rédactionnelle était devenue insuffisante. Pour remplacer le cahier qui manquait dans le cadre de l’adhésion, Philippe Guyot a finalement décidé de fournir aux membres du cercle icaunais, en plus de leurs quatre bulletins départementaux annuels, quatre numéros par an de la revue régionale. En 1996, le bulletin de liaison Généa-89 est ainsi devenu le supplément icaunais de la revue bourguignonne Nos Ancêtres et Nous, adoptant la même numérotation que celle-ci : au n° 16 de l’ancien bulletin indépendant a succédé le n° 69 du nouveau bulletin. Dès lors, les questions et réponses n’ont plus été publiées dans Généa-89 mais dans la revue commune à tous les cercles bourguignons. À partir du n° 73, en 1997, le supplément icaunais a été doté d’une couverture cartonnée similaire à celle de Nos Ancêtres et Nous.

       Comme les cahiers généalogiques de l’Yonne ne pouvaient plus être proposés chaque année aux adhérents du cercle icaunais, par manque d’auteurs prolifiques, Philippe Guyot a pensé qu’à l’échelle bourguignonne on pourrait recruter un nombre suffisant de nouvelles plumes et lancer une nouvelle publication largement inspirée des cahiers icaunais. Grâce aux efforts qu’il a déployés en ce sens, il a pu publier en 1998 le n° 1 des Mémoires généalogiques de Bourgogne. Malheureusement, cette expérience n’a pas eu de suite car, même à l’échelle de toute la Bourgogne, il s’est avéré que les auteurs n’étaient pas assez nombreux pour renouveler l’opération.

       En tant que président de l’Union généalogique de Bourgogne, Philippe Guyot a mené par ailleurs une politique soutenue de rassemblement, au sein de l’Union, de tous les cercles couvrant une partie du territoire bourguignon. Il est parvenu, à force de longues tractations, à faire en sorte que le GERCO et le Cercle généalogique et historique du Nivernais-Morvan s’affilient à l’Union généalogique de Bourgogne pour renforcer, au sein de la Fédération française de généalogie, le poids numérique des Bourguignons. Sous sa présidence, l’union bourguignonne composée de six cercles était la deuxième union généalogique de France, derrière celle de Bretagne.[8]

       Philippe Guyot a quitté la présidence de l’Union généalogique de Bourgogne et de la Société généalogique de l’Yonne à la fin de 1998. Son mandat de cinq ans à la tête du cercle icaunais lui aura permis de publier vingt et un bulletins Généa-89, du n° 8 au n° 16 et du n° 69 au n° 80, le tome X des cahiers généalogiques de l’Yonne, les quatre premiers tomes du Dictionnaire biographique de l’Yonne de Paul Camille Dugenne et le Dictionnaire biographique des connétables et maréchaux de France de Jean-Michel Dousseau, le deuxième Répertoire des familles étudiées en 1995 et le n°1 des Mémoires généalogiques de Bourgogne. C’est aussi sous sa présidence que Cédric Lajon, en juillet 1998, a créé le site électronique du cercle de l’Yonne.